LE BATEAU

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Telen Mor (avec un seul « n ») est un cotre à « tape-cul » tel qu’il est nommé sur l’acte de francisation (*) et non, comme on le dit souvent, un dundee (prononcez Dindé). Nous verrons plus loin la différence majeure qui les caractérise.

(*) La francisation d'un bateau consiste à lui faire porter pavillon français. Le bateau sera désormais considéré comme relevant du droit français. C’est un document établi par les douanes et il est indépendant de l’immatriculation (carte de navigation) qui est faite par les affaires maritimes.

Cet acte est un peu la carte d’identité du bateau puisque l’on y retrouve son propriétaire, le chantier qui l’a construit, l’année de construction et ses caractéristiques. Ainsi concernant Telen Mor nous avons :

Date de francisation 17 mars 1924
Propriétaire : Henri PERHERIN
Chantier : Le Gall de Beuzec Conq (Concarneau)
Année construction : 1924
Longueur : 14,91 m
Largeur : 6,16 m
Hauteur : 2,78 m
Jauge brute : 38,06 tx Jauge nette : 30,00 tx

Acte de francisation



Mise à jour du 22/02/2018

Plusieurs personnes m'ont demandé pourquoi "Telen" avec un seul N ?
Si au départ j'ai pu penser à une erreur d'orthographe de l'officier qui a établi l'acte de francisation en 1924, j'ai depuis revu cette hypothèse.
Avant le côtre qui nous intéresse, Henri Pérhérin avait fait construire un premier bateau à Camaret en 1913 (chaloupe de 14 m) qu'il avait déjà baptisé "Telen Mor" (D 1988) avec un seul N (nom inscrit sur l'acte de francisation de l'époque).
Compte tenu qu'aujourd'hui, aucune traduction n'existe dans les dictionnaires breton-français (ou français-breton...) pour "Telen" avec un seul "N", nous pouvons en déduire (peut-être, éventuellement, sous réserve) deux nouvelles hypothèses:
   -   soit Henri Pérhérin a souhaité faire dans "l'originalité", ce qui semble assez peu probable,
   -   soit le mot Harpe en breton s'écrivait à l'époque Telen avec un seul "N" et que l'orthographe a depuis évolué...

Mais tout ceci reste à vérifier, en retrouvant par exemple des écrits bretons de 1900 mentionnant l'instrument en question...

Pour la petite histoire, le gendre de Henri Pérhérin, Joseph Le Bolzer, fera construire en 1953 un malamok dénommé... "TeleN Mor" (Dz 3839)



Malheureusement je n’ai retrouvé aucune photo, ni illustration du bateau. J’ai donc recherché d’autres unités, construites dans la même période (1920-1924), par le même chantier et avec des caractéristiques semblables. Quatre bateaux au moins répondent à ces critères, Parbleu (1921), Ange Conducteur (1924), Petite Hélène (1924) et Mechant Bihen (1923). La photo sous voiles du premier nommé illustre la page d’accueil de ce site.

Voici leurs caractéristiques (extraites de leur acte de francisation):

Ces côtres à tape-cul ont été construit par le chantier Le Roy à Beuzec-Conq qui est, depuis 1945, un quartier de Concarneau.

Le chantier Le Roy possédait une réputation bien au delà de Concarneau. Alfred Le Roy, né à Pont-L’Abbé en 1820, brigadier des douanes, se lance dans la construction navale en 1856.
Le premier chantier du père Le Roy, plus proche du quai d’Aiguillon, a dû déménager un peu plus loin en raison de la construction du quai aux Engrais et du quai Carnot. Dès cette époque, en 1923, envisageant la poursuite des travaux d’extension de l’arrière-port, il réserve un emplacement au Passage en bordure de l’anse du Roudouic au pied de l’école publique, «A condition que les ateliers bruyants et malsains soient éloignés le plus possible de l’école».
En janvier 1923 ce terrain est dégagé dans le but de construire des bateaux sur cale.

Ses enfants, Louis, Alfred et Joseph, lui succèdent et créent la Société "Le Roy Frères". Louis, marié à la fille d’un marchand de bois de Quimper, décède en 1924, tandis que son frère Joseph est revenu très malade de la guerre.

Le chantier construit d'abord des chaloupes sardinières et, à partir de 1910, des côtres à tape-cul et enfin des dundees pour la pêche au thon et celle de la langouste sur les côtes de Mauritanie.

Après la liquidation de la Société en 1925, le chantier est acquis par Faërman en 1927. On possède peu d’information concernant cet ingénieur de constructions portuaires en bois d’origine russe.

Après 3 années Il revend le chantier à Louis Krebs en 1931.... (extrait du site le petit vachic - l'histoire des chantiers de Concarneau.

Note de l'auteur : des recherches on été lancées, notamment auprès du musée maritime de Concarneau et des archives de la ville, sur le chantier Le Roy dans l'espoir de trouver des infos et pourquoi pas d'anciens plans ou photos, mais sans succès.

Mise à jour du 15/01/2018

Le désarmement administratif du bateau sera officialisé le 11 mai 1927 par un courrier du ministère des Travaux Publics adressé au directeur de l'inscription maritime de Nantes (voir le fac-similé du document).
Cette décision qui peut sembler proche du naufrage permettra en fait de lancer la procédure pour les propositions de pension à destination des familles. Ces aides ne seront officialisée que plusieurs mois plus tard comme le montre l'article de la Dépêche de Brest de septembre 1927 qui précise le montant pour chaque veuve.



Pour en revenir à la dénomination des bateaux, les avis, les définitions divergent. Pour ma part, je fais la différence suivante:

Un côtre à tape-cul est un côtre auquel on a rajouté sur l’extrême arrière un mat plus petit qui supporte le tape-cul (voile rectangulaire) qui permettait au bateau de se mouvoir plus facilement lorsqu’il était en pêche. Le gui (ou bôme) de cette voile est largement en dehors du bateau.
Chez nos voisins anglo-saxons, l'équivalent du côtre à tape-cul s'appelle un yawl.

   

Breudeur Atao

Parbleu

   

Le dundée, qui est également un côtre à la base, est généralement plus grand et il possède également un deuxième mat. Mais celui est situé en avant du gouvernail et sa voile ne dépasse que très peu de l’arrière du bateau.
Chez nos voisins anglo-saxons, l'équivalent du dundée s'appelle un ketch.

   

Stereden Vor

Vieux Marsouin

   


Pour en savoir plus sur la pêche du maquereau de dérive que pratiquait Telen Mor, Cliquez ICI

   
le naufrage l'équipagele bateau le projetles infos

(site mis en ligne en octobre 2017)