LE NAUFRAGE

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A défaut de savoir ce qu’il s’est réellement passé entre le 31 mars et le 1er avril 1927, puisque aucun témoignange n’ait été rapporté voici néanmoins quelques éléments que j’ai pu recueillir sur Internet, notamment dans la presse de l’époque et aux services documentations de la météorologie nationale.

Telen Mor, côtre à «tape-cul» (voir la rubrique «le bateau») immatriculé à Douarnenez, patron Henri Pérhérin, a quitté le port de Tréboul le 24 mars (en fait le 26 d'après les fiches de l'inscription maritime), destination la Manche pour une campagne de pêche aux maquereaux de dérive, avec d'autres bateaux finistériens, au large des côtes de la cornouialle anglaise.
Le voilier est récent, puisque construit en 1924, et son état ne peut donc être mis en cause. Cependant il n'est ni motorisé, ni équipé de radio....
Mais voilà une sévère dépression s’est creusé sur le Pays de Galle le 30 mars qui s’est rapidement décalée sur toute la Manche jusqu’aux côtes bretonnes comme nous le verrons.

J’ai pu obtenir de la part des services de Météo France, les observations du 31 mars à 18h et du 1er avril à 7h (doc 1) ainsi que la carte des pressions et intempéries pour le 31 mars à 18 h (doc 3). Un avis de tempête avait été émis par les services météo pour le 30 et 31 mars (doc 2) et l’état de la mer le 1er avril est noté «Très forte» sur le nord de la France de Ouessant à Cherbourg (doc 1). Bien évidemment à cette époque là il n’y avait aucun moyen de transmettre l’information et les patrons-pêcheurs étaient obligés de se fier à leurs connaissances du secteur, voire leur instinct.
Parallèlement, en examinant de près la carte des isobars du 31 mars à 18 h (doc 3), on voit nettement les lignes de pressions se creuser :

• 1015 hPa qui traverse la France
• 1010 hPa qui passe au nord de la France
• 1005 hPa qui passe sur le Cotentin
• 1000 hPa au sud de la Cornouaille anglaise

Quant au vent il est inscrit comme étant de force 8 à 9 beaufort.

En résumé, suivant la position du bateau en Manche, l’équipage a du affronter, probablement de nuit, une mer très forte, de la pluie et du vent, toutes les conditions pour subir une avarie ou être submergé par une vague qui peut s’avérer déterminante dans un naufrage.
Toujours est-il qu’aucune épave, aucun débris du bateau, aucun corps ne sera retrouvé. Seuls quelques filets, marqués au nom de certains des matelots, seront récupérés fin mai par un autre maquereautier douarneniste, «Michel et André».

Cette nuit du 31 mars au 1er avril aura fait d’autres drames, concernant encore le quartier de Douarnenez. Ainsi 2 autres maquereautiers qui pêchaient également en Manche, «Petit Jojo« et »Mon Désir» perdirent respectivement 3 et 4 hommes dans la tempête.

Voici quelques articles relevés dans la presse de l’époque, signalant la tempête sur le finistère, les victimes sur 2 bateaux de Douarnenez, et la probable perte de "Telen Mor" et de son équipage. Cependant l’espoir que le bateau ait pu se réfugier dans un port anglais, à l’instar de «Breuder Atao» subsistera quelques jours.

Les dégâts matériels, les pertes humaines, les naufrages ont toujours été le lot du monde de la pêche, plus encore à cette époque là.
Le naufrage de Telen Mor, survenu en activité de pêche, est probablement le plus dramatique qu'est connu la cité "sardinière" voire même le Finistère.

Une cérémonie en mémoire des 25 marins disparus en mer lors de cette terrible tempête (Telen Mor-18, Mon Désir-4, Petit-Jojo-3) sera célébrée quelques semaines plus tard au cimetière marin de Tréboul.
L'instant sera immortalisé sur cette émouvante photo. (merci à M. Joël Perrot et Mme Renée Cotten pour le document).

Mise à jour du 18 février 2018

Trois documents complémentaires: un article publié en avril 1927 dans le journal "L'illustration", le courrier officiel annonçant le désarmement du bateau à la date de dernière apparition le 31 mars 1927 et une dépêche précisant le montant de l'aide attribué aux veuves des marins, publiée le 10 août 1927 soit 5 mois après le naufrage. On mesure mieux l'effet bénéfique qu'à pu apporter le secours d'urgence initié par le Maire Guillaume Marec en créant la "Bienfaitrice".